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Pour
augmenter les performances des martinets de forge, en accroissant
leur cadence de frappe, les charpentiers mécaniciens
avaient plusieurs solutions. Si l'on conservait la lente roue à
augets, on pouvait :
- soit augmenter le nombre de cames. Et de ce fait augmenter le diamètre des roues à cames . mais celles ci, faites en fonte, devenaient alors d'un coût prohibitif, et fragiles...à moins d'y mettre "de la matière", donc le prix... - ou il fallait augmenter la vitesse de rotation de l'arbre de couche portant la roue à came. Soit en forçant la roue à tourner plus vite par une alimentation sous pression, ou alors - comme les mécaniciens anglais - intercaler un train d'engrenages multiplicateur (Musée de Sheffield). - soit
la combinaison de deux remèdes.
D'après
les connaissances en hydraulique
Il va pourtant se passer cette chose incroyable : les maîtres de forges vont passer outre et demander à leurs charpentiers de faire une entorse aux acquis de l'époque : de "forcer" l'alimentation de leurs roues par divers moyens : par la pente importante donnée au canal d'amenée aux augets, qui de canal ouvert au début deviendra une buse mise en charge sous une bâche. L'eau est maintenant projetée à grande vitesse dans les augets, la roue devient une "roue à augets à grande vitesse". Pour
compenser en partie la "perte par choc", on équipa ces roues d'un
dispositif destiné à contenir l'eau dans les augets : c'est
le manteau, ou tablier. C'était une sorte de capotage
en bois ou en tôle ajusté au plus près de la roue pour
tenter de garder ou de forcer l'eau qui s'en serait échappé
à retourner dans les augets... Le mécanicien D'Aubuisson
De Voisins, en 1840, rapporte que ces roues pouvaient tourner à
35 tours/ minute et plus ! Ce qui devait être un exploit pour ces
roues faites tout de "guingois".
Mêmes causes mêmes effets déplorés par Benoît Fourneyron en 1861 : "...les martinets des forges...ont leurs bagues à cames sur l'arbre de la roue...cette disposition oblige à tourner à une vitesse trop élevée pour l'emploi utile de l'eau. Qu'il s'agisse de chutes de 4 à 10 mètres...avec des roues de 2 à 3 mètres de diamètre...on leur fait faire de 20 à 30 tours et quelquefois plus encore, elles doivent être pourvues d'une enveloppe appelée "manteau" sans laquelle la plus grande partie de l'eau serait jetée hors des augets, avant d'arriver au bas de la chute, par l'action de la force centrifuge. Malgré leur manteau la perte est encore considérable et le rendement de ces roues est très inférieur à celui de roues semblables qui seraient animées d'une vitesse moindre. De plus avec des roues d'un diamètre réduit, on est forcé de placer le sol de l'usine très près du niveau aval, d'enterrer pour ainsi dire l'usine et de l'exposer (à être inondée) ...ces expédients obtiennent la préférence dans l'établissement des marteaux et des martinets parce qu'ils permettent d'éviter l'emploi d'engrenages plus onéreux par la casse fréquente à laquelle ils sont exposés que par ce qu'ils coûtent à établir avec les dimensions qu'on est forcé de leur donner...." ![]() |
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