Roue à augets
ou roues à pots, à seaux, 
roue en dessus...
 

Depuis le XIXe siècle, c'est devenu La Roue de moulin en Savoie ; sur le moindre ruisseau, ou torrent : un ouvrage de prise d'eau d'où part un canal d'amenée, le bief,  quelques vannes de régulation. L'eau est conduite par un chenal ouvert jusqu'au ras du sommet de la roue. Elle se déverse alors calmement, sans choc, dans les augets qui ne seront emplis qu'aux 2/3. La roue tourne sous le seul poids de l'eau contenue dans la moitié des augets ; l'autre moitié se vidant au passage dans le canal de fuite. 
Les vitesses de rotation obtenues restent modestes : de 5 à 10 tours par minute selon la taille de la roue. Mais le rendement de la chute  est bien supérieur à celui obtenu avec les roues à palettes.  Il existe une variante : les "roues de poitrine" dans lesquelles l'eau est introduite à mi hauteur de la roue, c'est un aménagement que l'on réalisait lorsque la roue installée était de plus grand diamètre que la hauteur de chute, ou pour avoir plus de force (couple) et une vitesse moindre.
 

Du coté des forges
Les martinets des platineries de faux dans la région de Saint Etienne (Pont-Salomon) avaient des roues dotées d'augets d'énorme capacité alimentés sous une huche à gros débit. 
Roue à augets d'un martinet au Musée de la Faulx à Pont-Salomon (Loire)
Roue à augets des forges
...les maîtres de forges, avec leurs charpentiers -mécaniciens, vont faire une entorse aux acquis de l'époque...
 
 
 
 
 
 

Taillanderie Vaussenat (Isère) roue à grande vitesse avec tablier, et au premier plan une trompe
A coté de la trompe, la vertigineuse descente vers une des roues de la taillanderie Vaussenat (Isère)
 
 


Abbeydale Hamlet - Sheffield : http://www.simt.co.uk/ham1/

Engrenages du martinet de la forge de Sheffield
 

Manteau sur une roue de martinet (Hte Savoie)
Un manteau, ou tablier, sur une roue de martinet (Seyssel, Hte-Savoie)

Pour augmenter les performances  des martinets de forge, en accroissant leur cadence de frappe,  les charpentiers mécaniciens  avaient plusieurs solutions. Si l'on conservait la lente roue à augets, on pouvait :

- soit  augmenter le nombre de cames. Et de ce fait augmenter le diamètre des roues à cames . mais celles ci, faites en fonte, devenaient alors d'un coût prohibitif, et  fragiles...à moins d'y mettre "de la matière", donc le prix...

- ou il fallait augmenter la vitesse de rotation de l'arbre de couche portant la roue à came. Soit en forçant la roue à tourner plus vite par une alimentation sous pression, ou alors - comme les mécaniciens anglais - intercaler un train d'engrenages multiplicateur (Musée de Sheffield).

- soit la combinaison de deux remèdes.
 

D'après les  connaissances en hydraulique 
au XVIIIe - début XIXe siècles : l'eau 
doit entrer sans choc dans les augets sinon on devra déplorer des pertes importantes.  L'eau rejaillissant en éclaboussures ne produisant aucun effet utile serait donc dépensée 
en pure perte. 

Il va pourtant se passer cette chose incroyable : les maîtres de forges vont passer outre et demander à leurs charpentiers de faire une entorse aux acquis de l'époque : de "forcer" l'alimentation de leurs roues par divers moyens :  par la pente importante donnée au canal d'amenée aux augets, qui de canal  ouvert  au début deviendra une buse mise en charge sous une bâche. L'eau est maintenant projetée à grande vitesse dans les augets, la roue devient une "roue à augets à grande vitesse".

Pour compenser en partie la "perte par choc", on équipa ces roues d'un dispositif destiné à contenir l'eau dans les augets : c'est le manteau, ou tablier. C'était une sorte de capotage en bois ou en tôle ajusté au plus près de la roue pour tenter de garder ou de forcer l'eau qui s'en serait échappé à retourner dans les augets... Le mécanicien D'Aubuisson De Voisins, en 1840,  rapporte que ces roues pouvaient tourner à 35 tours/ minute et plus ! Ce qui devait être un exploit pour ces roues faites tout de "guingois".
 

Mêmes causes mêmes effets déplorés par Benoît Fourneyron en 1861 :

"...les martinets des forges...ont leurs bagues à cames sur l'arbre de la roue...cette disposition oblige à tourner à une vitesse trop élevée pour l'emploi utile de l'eau. Qu'il s'agisse de chutes de 4 à 10 mètres...avec des roues de 2 à 3 mètres de diamètre...on leur fait faire de 20 à 30 tours et quelquefois plus encore, elles doivent être pourvues d'une enveloppe appelée "manteau" sans laquelle la plus grande partie de l'eau serait jetée hors des augets, avant d'arriver au bas de la chute, par l'action de la force centrifuge. Malgré leur manteau la perte est encore considérable et le rendement de ces roues est très inférieur à celui de roues semblables qui seraient animées d'une vitesse moindre. De plus avec des roues d'un diamètre réduit, on est forcé de placer le sol de l'usine très près du niveau aval, d'enterrer pour ainsi dire l'usine et de l'exposer (à être inondée) ...ces expédients obtiennent la préférence dans l'établissement des marteaux et des martinets parce qu'ils permettent d'éviter l'emploi d'engrenages plus onéreux par la casse fréquente à laquelle ils sont exposés que par ce qu'ils coûtent à établir avec les dimensions qu'on est forcé de leur donner...."


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