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Pour transformer le minerai en métal, les premiers forgerons utilisaient des fourneaux rudimentaires en terre - les bas fourneaux - qu'ils garnissent de minerai (oxydes cueillis en surface) et de charbon de bois, où à l'aide de soufflets de peau ils entretiennent jour et nuit un feu d'enfer. Dans un four aussi primitif la température ne peut pas atteindre la température de fusion du fer pur (1535 degrés Celsius). Cependant
les impuretés du minerai abaissent cette température et la
réduction du minerai peut avoir lieu, entre 600 à 900 degrés.
Puis
on assiste à la lente évolution technologique, à partir
des XII-XIIIe siècles l'utilisation de l'énergie de l'eau
va permettre d'élever la température des fours, d'augmenter
leur taille et de traiter de plus gros volumes (roues + cames mettent
en branle marteaux et plus tard des soufflets, ailleurs on utilisera des
trompes).
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A la
fin du XVe siècle, en Pays d'Allevard, il semblerait que l'on ait
suffisamment maîtrisé la conduite du bas fourneau pour y fabriquer
de l'acier avec du minerai manganésifère (appelé "mine
d'acier") par une méthode directe : c'est "l'acier naturel".
Au XVIe siècle, les fourneaux sont devenus des constructions imposantes en pierre : les hauts fourneaux. On se perd en conjectures quant à fixer une "date" pour "l'invention" de la fonte ; mais il est vraisemblable qu'elle soit apparue entre les XIVe et XVe siècles (et à la lumière de découvertes récentes : peut être même bien antérieurement , peut être à l'occasion d'une surchauffe fortuite des bas fourneau...) . Longtemps faite au bois - plus exactement au charbon de bois avec le haut fourneau bergamasque en Savoie - de même que les trompes de même origine qui servaient à produire le "vent" . ...des régions entières virent leurs forêts dévastées pour les besoins de cet ogre...
Au XVIIIe siècle, les sidérurgistes anglais introduiront une innovation technique décisive : l'utilisation du charbon de terre (la houille), sous forme de "coke". Méthode qui aura le plus grand mal à s'imposer en France ; des fonderies y feront la fonte au bois jusqu'à la fin du XIXe. La
forêt s'en portera mieux...,
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Localisation des hauts
fourneaux au XVIIIe siècle :
Selon la Statistique générale du département du Mont Blanc du Préfet VERNEILH, 1807 : ...On comptait 14 hauts fourneaux
anciens ou nouveaux, à fonte ou à fer...
On trouve à Albine (Arbine)
un martinet très ancien, qui roule 7 à 8 mois par an. On
y a aussi établi en 1803, un haut-fourneau dans lequel on a encore
fondu que des crasses d'affineries. L'arrondissement de St Jean de Maurienne
renferme à son tour plusieurs usines. A Randans un haut-fourneau
qui fond 4 mois en 2 ans. L'usine d'Argentine est la plus ancienne du département
et la mieux située par sa proximité des mines de St Georges
d'Hurtières. On y fond tous les ans un fondage de 3 à 4 mois.
Epierre a un haut fourneau où l'on fond pendant 5 mois, deux années
sur trois. Toutes ces fonderies, excepté Saint Hugon, tirent leur
minerai des Hurtières.
Selon source ADS, L 584-585,
Métallurgie - AN III à 1815 , Métallurgie - AN III
à 815, Usines, forges, martinets, fabriques d'outils aratoires,
divers :
- Arbine : AN XI, le
Sieur Louis Tellier y exploite trois grandes forges et un martinet
Les deux usines de Fourneaux
et de Laprat sont alimentées par les mines spatiques des montagnes
avoisinantes : Le Grand Filon, Bissorte, Filon Neuf, Le Freney fournissent
La Praz, tandis que Plan Rafin et Le Monio fournissent Fourneaux.
- Usine
d'Epierre, à la Commune d'Epierre : une grosse forge pour traiter
la fonte (affinerie), une petite forge pour la taillanderie, un haut
fourneau produisant 18600 myriagrammes de fonte/an dont une moitié
est convertie en fer, l'autre moitié en fonte qui était vendue
en Isère, une grosse forge pour traiter la fonte, une petite forge
de taillanderie et de quincaillerie, un marteau pour la loupe, un marteau
à piler les crassiers de fourneau
Etat des fourneaux et forges de la Compagnie dite "de Bonvillard" : - Saint-Hélène-des-Millières
: fourneau à gueuse, forge pour gros fer, martinet à "clincaille"
"...Depuis 1646 la sidérurgie
de La Praz et Fourneaux, encouragée par les Comtes de Savoie, voir
sa production augmenter régulièrement chaque année.
(3 hauts fourneaux et 2 martinets à La Praz en 1789). Puis sous
l'occupation française de 1792 à 1815 les fonderies vont
prendre un nouvel élan pour fournir l'armement de la France révolutionnaire.
(selon Magnin, La Sidérurgie
à La Praz et Fourneaux, SHAM, 1955)
.... Il y eut bien d'autres fourneaux,
plus ou moins célèbres, en bien d'autres endroits, comme
le haut-fourneau de Saint-Hugon, ou encore au lieu-dit Fusine à
Orelle, à Saint-Pierre d'Albigny, au lieu-dit Le Martinet à
Chapareillan, ou encore un autre lieu-dit Le Martinet près de Saint
Rémy, et encore au XIXe en Tarentaise au Villard de Beaufort se
trouvaient des feux d'affinerie bergamasque et trois martinets, etc.
L'exploitation
des mines des Hurtières et des derniers hauts fourneaux durera
jusqu'en 1890 pour finalement cesser définitivement en 1930.
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