Lexique

 

affinerie : usine équipée d'un fourneau et d'un gros marteau mu par l'eau : on y refondait partiellement la fonte =  décarburation, on enlève un pourcentage de carbone à la fonte, pour ensuite la cingler au marteau et ainsi en chasser les scories, avec pour résultat de transformer la fonte en fer, ou en acier, selon le degré d'affinage obtenu. retour

 

ajutage, buse, canelle, cannelle, trompe, tuyère, injecteur, brochet : injecteur de turbine Canson, en bout d'une conduite mise sous pression par un étranglement, un rétrécissement, portant l'eau à grande vitesse sur les aubes des pales ou les aubes des roues.
 

appaneur : ouvrier qui charge le haut fourneau

 

artifice :  mécanisme mu par la force de l'eau, type de mécanisme d'un moulin retour

 

bâche, huche : terminaison d'un bief par un caisson métallique ou en bois d'où part une conduite forcée vers une roue.

 

boccard : broyeur à pilons en bois ferrés utilisé pour concasser le minerai retour
 

boîtes, boîtes à clous : pièces d'acier en creux, sortes de coussinets, dans lesquels viennent s'articuler les extrémités (les clous) de la hurasse (le clou). Définition propre aux forgerons de Franche-Comté , mais entendue de la bouche d'un forgeron de Charavines (Isère). L'Encyclopédie Diderot donne déjà clou.
 

brasquet :   selon le Préfet Verneilh (Statistique du Dept. du Mt Blanc, 1807) le brasquet est employé à tirer le charbon et à cribler le menu (?)

Merci à Maurice BURTEAUX, co-auteur avec Jacques CORBION de l'important ouvrage : "Le Savoir...Fer : Glossaire du Haut Fourneau", qui propose ces définitions  :

a) soit de considérer la définition du Glossaire (3ème édition) qui fait de "brasquet" un ouvrier (on a aussi dans la 4ème édition du Glossaire le terme brasquier pour Allevard)

b) soit de rapprocher ce terme de BRASQUE, qui est  une matière de garnissage des creusets, en particulier dans la méthode bergamasque. 

brochet :   ou ajutage, injecteur de roue-turbine , composé d'une buse disposée à la partie inférieure et à l'intérieur de la roue, au ras des augets, accompagné d'une vanne-guillotine  .

castine : calcaire ferrugineux servant de fondant dans les hauts fourneaux, fer oolithique mêlé à du calcaire retour

 

chalcopyrite : sulfure double naturel de fer et de cuivre =  CuFeS2 retour

 
 

chaude : une opération de chauffe dans le four de forge (la forge) de la pièce à forger précédent l'étape de martelage au martinet . 

 

corroyage : souder ensemble à la forge deux lames d'acier, dans la fabrication des épées. retour

 

coursier : cavité où se meut la roue, en maçonnerie de pierre ou construit en bois, ajusté de façon à ce que les aubes de la roue passent au plus près pour obtenir  le maximum de rendement de la chute d'eau. 

 

décarburation : opération qui consiste à enlever, par refusion dans un four spécial, le carbone contenu dans la fonte pour la transformer en fer, en acier retour

 

emplantement, plantement : la charpente d'un martinet dans son ensemble, l'ordon 

 

Encyclopédie Diderot et D'Alembert, L'Encyclopédie :  Le Grand Oeuvre du Siècle des Lumières, qui a demandé 24 années de travail, 35 volumes rassemblant tous les savoirs du XVIIIe siècle. Voir le numéro que lui ont consacré Les Cahiers de Sciences et Vie , N°47 - oct. 1998,et aussi : http://diderot.lexico.ens-fcl.fr/mark/encyc/index.html

 
 

étirage : martelage d'un massot à chaud au martinet pour l'amener aux dimensions de la pièce à réaliser retour

 

fenderie : usine métallurgique où l'on découpait les masseaux en bandes fines : en verges, vendues aux divers utilisateurs de fer : armureries, cloutiers, quincaillers, etc...qui les retravaillaient. retour

 

ferrière : gisement de minerai de mine douce, exploitation et traitement sur place retour

 

bas fourneaux : fourneau primitif pour fondre le minerai de fer, une construction cylindrique ou carré de 1m à 2m de hauteur, parfois semi enterrée, ou à flanc de coteau, fait de glaise ou de brique retour

gassière : cheneau en pente conduisant l'eau vers les aubes d'une roue à grande vitesse, terme de jargon technique des forges XVII-XVIIIe S. , en vieux français : de "gesse"
 

goujeard, goujeat : valet de forge
 

gueuse : nom donné à la fonte en jargon de métallurgiste, désigne aussi les barres de fonte moulées dans le sable à même le sol du batiment du haut fourneau ou la fonderie, de section triangulaire et longues de ...mètres. retour

 

Louis-Dominique Girard : 1815-1871, Ingénieur hydraulicien, membre de la Société des Ingénieurs Civils, un grand homme de l'hydraulique qui a à son actif une multitide de brevets de moteurs hydrauliques, et pour leur perfectionnement.

 

halde : sorte de "terril" où l'on rejetait les rebuts du triage du minerai (quartz, souffre, pierres) retour

 

haut fourneau bergamasque : système de haut fourneau à trois cotés dont un adossé à un talus, importé de la province de Bergame par les ouvriers métallurgistes invités à venir travailler en Savoie et en Isère au XVIIe siècle pour y importer leur savoir faire, les métallurgistes de Bergame avaient alors une grande renommée .retour

 

loupe ou masseau, massot: masse incandescente formée par les grains de fer amalgamés et mélés à des scories obtenue à la fin de la réduction du minerai de fer au bas fourneau retour

 

martinet : gros marteau actionné par une roue à cames mise en mouvement  par une roue de moulin 

D'après le Dictionnaire de FURETIERE de 1690 :

MARTINET. Marteau qui est meu par la force d'un moulin. Il se dit des marteaux des moulins à papier, à tan, à foulon, &c. Une des belles avantures de Dom Quichote a esté celle des martinets d'un moulin. Ce mot vient des grands marteaux de forge qu'on voit à Vienne en Dauphiné, qui servent à battre le fer & l'acier, & à forger ces excellentes lames d'espée, qu'on nomme lames de Vienne. Ils ont esté ainsi appellez, à cause que ces forges sont toutes situées proche de l'Eglise, & dans la Parroisse de St. Martin 
 

D'après le LITTRE de 1872 :

MARTINEUR (mar-ti-neur), s. m. 

    Ouvrier qui présente les barres de fer à l'action du martinet. 

ÉTYMOLOGIE : 

    Martiner. 

MARTINET (mar-ti-nè ; le t ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des mar-ti-nè-z en mouvement), s. m. 
 

1° Marteau mû par un moulin. Le sieur Dalliez m'assure que le fer de Bourgogne que l'on fabrique dans les martinets de Vienne, est des plus fins et aussi bon que celui de Piémont, Corresp. de Colbert, III, 469. Il est à remarquer qu'on ne forme l'article précédent que de moulins à blé, et qu'il reste encore ceux des forges, martinets et fonderies, VAUBAN, Dîme, p. 77. J'ai fait établir deux de ces martinets, dont l'un frappe trois cent douze coups par minute ; cette grande rapidité est doublement avantageuse, tant par l'épargne du combustible et la célérité du travail, que par la perfection qu'elle donne à ces fers, BUFF. Min. t. IV, p. 166. 
    Sorte d'usine ainsi nommée du marteau ou martinet qui en est le principal agent. On croit que ces sortes de grandes forges ont pris ce nom, de ce qu'il y en a plusieurs à Vienne en Dauphiné, proche de l'église de Saint-Martin et dans la paroisse de Saint-Martin, RICHELET. 

2° Fouet formé de plusieurs cordes au bout d'un manche de bois et dont les maîtres d'école se servaient pour châtier les écoliers. 
    Fig. Notre empereur portait longue férule, Puis est venu le martinet royal, BÉRANG. Gohier. 

3° Terme de marbrier. Forte molette de grès qui sert à égriser les carreaux de marbre. 

4° Terme de marine. Cordage qui fait fonction de balancine pour les cornes et qui les tient plus ou moins apiquées. 
    Faux martinet, martinet placé tout à fait à l'extrémité de la corne. 

5° Machine de guerre du moyen âge, qui jetait de grosses pierres. 

HISTORIQUE : 

    XVe s. Ceux du chastel firent descliquer quatre martinets qu'ils avoient nouvellement fait faire pour remedier contre les quatre chas [machines de guerre], FROISS. I, I, 262. Item.... ordonnons.... que les marchands et maistres qui font ouvrir lesdites mines à leurs propres cousts, missions et despens, et font feu et lieu et residence sur lesdites mines et martinet, ou leurs desputez, les deux fondeurs et affineurs en un chacun martinet, tant seulement.... soient quittes, francs et exempts de toutes tailles.... Lett. patent. du 30 mai 1413. 

ÉTYMOLOGIE : 

    Diminutif du bas-latin martus, marteau (voy. ce mot) ; provenç. et catal. martinet ; espagn. martinete. retour

martinetteur :
 
Dictionnaire Bescherelle de 1862 :

MARTINEUR : Ouvrier qui présente des barres de fer à l'action d'un martinet. MARTINET : Techn. Enorme marteau dont on se sert dans la fabrication des métaux, pour les étirer et leur faire prendre différentes formes, en les dégageant de leurs scories au moyen de la percussion. Il y en a qui pèsent jusqu'à 3,000 et même 4,500 kilogr. Un courant d'eau ou la vapeur fait mouvoir ces lourdes machines, qu'on nomme aussi ordons. La roue motrice est supportée par un arbre creux fait de plusieurs pièces de bois.
- Sorte d'usine ainsi nommée du marteau ou martinet qui en est le principal agent


 

martinette de ferratière, martinette : petit établissement rural qui fabrique et répare des outils, de la ferronerie, etc ,  à l'aide d'un martinet hydraulique, ancien mot franco-provençal pour désigner une taillanderie (voir ce mot)

 

massot ou billette : courte barre d'acier , matériau de départ des pièces forgées


manteau : sorte de couverture en tole ajustee sur une roue à augets à grande vitesse de martinet, pour "garder" l'eau dans les augets de la roue, celle-ci ayant tendance a suivre les lois de la force centrifuge et à éclabousser plus qu'à produire d' "effet utile"

mentonnet :  piece d'acier fixée a l'extremité de la queue du manche du martinet et actionnée par  les cames de la roue à cames
 

ordon, hourdon : charpente du martinet, colonnes et traverses, fortes pièces de chêne massif, parfois les colonnes sont en pierre, les traverses en chêne 

 

patouillet : machine en bois servant à malaxer le minerai avec de l'eau pour le laver des impuretés retour

 

pile loupe : marteau pilon, un gros martinet, utilisé dans l'opération d'affinage pour cingler les masseaux de fonte sortis du four d'affinage à l'état pateux (renard), et en chasser les scories tout en leur redonnant une bonne cohésion  . retour

 

platinage : fabrication au martinet de pièces planes, comme les versoirs de charrue, les faux, les pelles. C'est un travail qui ne peut être réalisé que par un compagnon forgeron hautement qualifié  retour

 

plumart, plumard, plumseuil : grosse pièce de bois qui supporte le tourillon de l'arbre qui fait mouvoir les marteaux.

 

regraine : plate forme où le petit personnel auxilliaire de la mine, femmes et enfants, triaient le minerai. retour

 

renard, loupe, mazelle  :  pour désigner la fonte à l'état pâteux, décarburée, à sa sortie du four d'affinage ("mazelle" vient de la méthode d'affinage dite bergamasque). retour


répondoir : terme de jargon technique des forges pour designer le "ressort" d'un martinet (de  M. Bret, Charavines)

ressort : piece constitutive d'un martinet, bloc d'acier au sol sur lequel vient frapper et rebondir le talon de la queue du marteau, élément indispensable au fonctionneemnt et au reglage du martinet


roue-turbine : moteur hydraulique original adopté par toutes les forges, et jusqu'aux taillanderies de village, du Dauphiné et de Savoie entre fin XIXe début XXe S., Il s'agit d'une adaptation  de la roue-turbine de Canson à l'usage du martinet en bois ; construite sur la base d'une grande couronne d'augets fins et nombreux, boulonnée contre une roue de charpente bois cerclée et calée sur l'arbre du martinet. C'est une turbine centrifuge, son grand nombre d'augets lui conférait une finesse inégalable dans son controle : démarrage immédiat et avec peu d'eau, arret rapide, reglage fin de la vitesse et de la cadence des coups.

siège-balancelle :   les forges du Dauphiné et de Savoie avaient adopté au poste de martineur un siège suspendu , un peu comme un plateau de balance de quincaillier (*) , sur lequel le forgeron pouvait bouger à son aise et adapter sa position face au marteau, et se tourner pour prendre "la chaude" dans le four à coté de lui. Alors qu'ailleurs, dans la Loire ou en Franche-Comté, le martineur était assis sur un simple tabouret à traire les vaches.
 ( * il faut avoir connu ça... car aujourd'hui on ne compte plus les clous "à la balance" dans ces enseignes de bricolage qui ont supplanté nos quincailleries !!!)

trompe,  t. dauphinoise, t. bergamasque, t. catalane, tromba, etc... : appareil de production de vent pour activer le feu de forge ou de haut fourneau, sur le principe du venturi , de l'aspiration d'air par la chute de l'eau dans un tube, tombant sur une pierre posée dans une cuve fermée d'où l'air compressé s'échappe par une tuyère, ou canne de soufflage, ou porte-vent . retour

 
vanne-guillotine :   dans les forges dauphinoises et savoyardes, le martineur ou son aide actionnait la marche du martinet - via un jeu de tringlerie depuis son siege balancelle  - l'ouverture d'une vanne-guillotinne située dans la roue-turbine en partie basse et faisant corps avec un ajutage (étranglement augmentant la pression et passant au ras des augets) ; la vanne a pu prendre diverses formes selon les constructeurs : vanne-tiroir ou vanne -guillotine à mouvement rectiligne, mais avaient le plus souvent un mouvement circulaire, ou sectoriel.  Cette partie fut savamment améliorée par les Forges d'Allevard, pour sa taillanderie de l'Oursière, lorsqu'on fait refaire (faire ?) les roues-turbines à l'Usine de la Peysse à Chambéry vers 1910-1917 : le bureau d'etude des Forges d'Allevard commande alors des injecteurs perfectionnés  avec un distributeur en fonte à tiroir rotatif !!!  

vent : air comprimé par un soufflet, une trompe hydraulique, une machine soufflante à pistons, ou un ventilateur de forge : le vent active le feu de la forge ou du haut fourneau. retour

 

taillanderie : usine de moyenne importance utilisant le martinet pour forger des outils taillants : faux, pelles, bêches, pioches, socs et versoirs de charrues  retour